Nous avons franchi les portes de La Legión, cette soirée libertarienne désormais incontournable à Buenos Aires. L’ambiance est électrique en ce samedi soir d’avril 2025. Dans ce hangar urbain de San Telmo, les partisans de Javier Milei célèbrent avec ferveur la nouvelle politique économique de leur président adoré. La fête bat son plein tandis que les participants scandent des chansons à la gloire du leader libertarien.
La fièvre libertarienne s’empare de Buenos Aires
À l’entrée du lieu, un imposant portail noir marque la frontière entre deux mondes. Pour 10 000 pesos, soit environ 8 euros, vous obtenez un bracelet jaune, couleur emblématique du mouvement libertarien argentin. Le premier accueil est assuré par une silhouette en carton grandeur nature de Javier Milei, costume impeccable, lunettes caractéristiques, carnet noir et téléphone à la main. Les participants s’empressent d’immortaliser ce moment par un selfie avec leur héros, même en version carton.
Santiago Oría, récemment nommé directeur de la communication présidentielle, anime la soirée avec une énergie contagieuse. Ce réalisateur attitré du président transforme l’événement en véritable célébration politique. À ses côtés, Macarena Rodríguez, photographe officielle de Milei et responsable de sa communication sur les réseaux sociaux, capture chaque instant de cette cinquième édition de La Legión.
Ces soirées mensuelles, organisées chaque deuxième samedi depuis fin 2024, sont devenues le rendez-vous incontournable des libertariens argentins. Plus qu’une simple fête, c’est un véritable lieu d’expression pour la “bataille culturelle” chère aux partisans de Milei. Les participants, majoritairement jeunes, affichent fièrement leur adhésion aux idées libertariennes qui transforment actuellement l’Argentine.
L’euphorie économique comme carburant de la fête
Ce samedi est particulier : il survient à peine vingt-quatre heures après l’annonce de la levée du “cepo”, ce contrôle des devises tant décrié par les libertariens. Sur les tracts promotionnels de la soirée, on peut voir le ministre de l’Économie, coupe de champagne à la main, entouré de billets verts flottant dans l’air, avec l’invitation : “Sortons le champagne pour fêter la sortie du cepo”.
L’atmosphère est euphorique. Au deuxième étage du bâtiment, Santiago Oría dirige un choeur improvisé qui entonne des chansons satiriques contre les opposants politiques. Les paroles s’affichent sur un tableau tandis que la foule reprend en chœur : “Mandrill, dis-moi ce que ça fait de voir le cepo enfin levé / Les années passent, tic-tac, mais t’es toujours à côté de la plaque…”
Ces chants, “approuvés” par Javier Milei lui-même selon les organisateurs, témoignent de la confiance retrouvée des partisans du gouvernement. La levée du contrôle des devises marque pour eux le début d’une nouvelle ère économique pour l’Argentine, après des années de restrictions et d’inflation galopante. Cette mesure, considérée comme historique, lance une nouvelle étape du plan économique libertarien.
La symbolique militante au cœur de l’événement
L’esthétique de La Legión mélange symboles libertariens et imagerie politique traditionnelle. Aux côtés des tracts colorés annonçant la fin du cepo, on retrouve les affiches en noir et blanc du lion ailé, emblème des meetings du parti de Milei. Cette symbolique forte renforce le sentiment d’appartenance à un mouvement révolutionnaire.
Les murs sont tapissés de citations du président et d’économistes libéraux qui ont inspiré sa politique. Des drapeaux jaunes et noir, couleurs du libertarianisme, sont agités par les participants les plus enthousiastes. L’ambiance oscille entre meeting politique et soirée festive, créant une expérience unique dans le paysage nocturne de Buenos Aires.
Les organisateurs considèrent ces événements comme essentiels pour consolider le mouvement libertarien en Argentine. “Chacun de vous doit faire mieux que mille kirchneristas”, lance Santiago Oría à la foule, faisant référence aux partisans du mouvement politique opposé. Cette vision combative de la politique imprègne toute la soirée, transformant chaque participant en soldat d’une cause qui dépasse le simple cadre festif.
La transformation culturelle argentine en action
Cette fête représente bien plus qu’une simple célébration politique : elle illustre la transformation culturelle actuellement en cours en Argentine. Les idées libertariennes, autrefois marginales, occupent désormais le devant de la scène et séduisent particulièrement la jeunesse urbaine.
Le gouvernement de Milei a bien compris l’importance de cette bataille culturelle. La présence d’officiels comme Santiago Oría et Macarena Rodríguez témoigne de l’intérêt porté à ces événements populaires. La communication présidentielle investit ces espaces festifs pour diffuser ses messages et renforcer la cohésion de sa base électorale.
Au-delà de la fête, La Legión reflète un phénomène plus large : l’émergence d’une nouvelle génération politique en Argentine, décomplexée dans son rapport aux idées libertariennes et déterminée à transformer radicalement le pays. À Buenos Aires, les nuits libertariennes racontent cette révolution en marche, entre euphorie économique et conviction politique inébranlable.


