Nous avons assisté à un moment historique dans le football argentin ce 21 juillet 2025. Après douze longues années d’interdiction, les supporters de Rosario Central ont enfin pu accompagner leur équipe en déplacement à Lanús. Un événement marqué par la présence d’Angel Di Maria, revenu au bercail depuis le 7 juillet, et qui a offert la victoire à son club formateur. Cette journée symbolise le retour progressif à la normalité dans les stades argentins, où la passion du football peut enfin s’exprimer pleinement.
Le retour triomphal des supporters visiteurs dans le football argentin
Depuis juin 2013, les supporters argentins ne pouvaient plus suivre leur équipe à l’extérieur. Cette interdiction faisait suite à une série de drames, dont le décès d’un supporter de Lanús tué par un tir de la police. Pendant douze ans, chaque but marqué par l’équipe adverse plongeait les stades dans un silence assourdissant, privés de cette ambiance unique que seuls les supporters visiteurs peuvent créer.
La Fédération Argentine de Football (AFA) a décidé de faire de cette rencontre entre Lanús et Rosario Central un test pour évaluer la possibilité de réintroduire progressivement les supporters visiteurs. Claudio Tapia, président de l’AFA, n’a pas hésité à qualifier cette journée d'”historique” pour le football argentin. Les 6 500 places allouées aux supporters de Rosario Central ont été prises d’assaut en un temps record.
Pour garantir le bon déroulement de l’événement, un dispositif de sécurité exceptionnel a été déployé. Les autorités n’ont rien laissé au hasard, conscientes de l’importance symbolique de cette rencontre qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire récente du football argentin. Jusqu’à présent, seules les compétitions internationales et la Coupe d’Argentine, disputées sur terrain neutre, permettaient aux supporters de suivre leur équipe.
Comme l’a si bien exprimé une jeune supportrice présente ce jour-là : « Sans les supporters extérieurs, il n’y a pas cette fête, il n’y a pas de foot ». Une phrase qui résume parfaitement l’importance de cette dimension dans la culture footballistique argentine.
L’effet Di Maria: quand l’idole nationale apaise les tensions
Le retour d’Angel Di Maria sous les couleurs de Rosario Central n’est pas étranger à ce changement historique. Héros national après ses exploits avec l’Albiceleste, notamment lors des dernières compétitions internationales, “El Fideo” exerce une influence apaisante sur les supporters de tous bords. Son statut transcende les rivalités habituelles et permet de rassembler autour de valeurs positives.
À 37 ans, Di Maria a choisi de boucler la boucle en revenant dans son club formateur. Sa première apparition sous le maillot du CARC remonte au 7 juillet, mais c’est lors de ce déplacement à Lanús qu’il a véritablement marqué les esprits. À la 74e minute, l’international argentin a pris ses responsabilités en transformant un penalty qui a donné la victoire à son équipe (1-0).
Santiago, un jeune supporter de 10 ans venu avec son père Cristian, espérait voir “un but de Di Maria”. Son souhait a été exaucé, pour le plus grand bonheur des milliers de “Canallas” présents dans les tribunes. La joie manifeste de Di Maria après le coup de sifflet final, venant célébrer cette victoire devant ses supporters, témoigne de l’émotion particulière qui entourait cette rencontre.
L’effet Di Maria se mesure également à l’engouement populaire qu’il suscite. Les billetteries s’enflamment à chaque annonce de sa présence, et même les plus réticents à se déplacer n’hésitent plus à parcourir des centaines de kilomètres pour voir jouer leur idole. José Luis, un retraité de 77 ans, n’a pas hésité à faire 320 kilomètres jusqu’à la capitale, lui qui confesse en riant: “Cela doit faire dix ans que je ne suis pas venu”.
Une ferveur retrouvée qui transforme l’expérience footballistique
Dès 15 heures ce samedi, les rues de Lanús ont pris des airs d’Arroyito, le quartier où se trouve le stade de Rosario Central. Tambours, trompettes, chants… l’avant-match battait son plein dans une ambiance festive et bon enfant. “Peu importe sur quel terrain on joue, je suis l’Académie où elle va”, entonnaient fièrement les supporters de Central.
Cristian, 42 ans, venu en famille comme beaucoup d’autres ce jour-là, suit habituellement son équipe “dès que cela est possible”. La perspective de pouvoir désormais soutenir ses couleurs chaque semaine en déplacement le remplit d’enthousiasme. Cette nouvelle réalité transforme profondément l’expérience des supporters argentins, trop longtemps privés de cette dimension essentielle de leur passion.
Rosario, une étudiante de 26 ans, avait développé des stratégies pour contourner l’interdiction. Elle n’hésitait pas à se camoufler parmi les supporters adverses pour suivre son équipe. Ce jour-là, elle a pu arborer fièrement les couleurs bleu et jaune de son club. Une libération pour elle et pour les milliers d’autres supporters qui ont donné de la voix sans interruption pendant 90 minutes.
L’explosion de joie qui a suivi le penalty victorieux de Di Maria à la 74e minute a parfaitement illustré ce que le football argentin avait perdu pendant douze ans. Une communion entre les joueurs et leurs supporters, un partage d’émotions qui fait la richesse de ce sport. Comme l’a simplement résumé une supportrice émue après la victoire, en désignant Di Maria célébrant avec les fans: “Cela valait la peine”.
Cette journée historique marque peut-être le début d’une nouvelle ère pour le football argentin, où la passion pourra s’exprimer dans toute sa splendeur, sans que les excès du passé ne viennent l’entacher. Un retour à l’essence même de ce sport populaire: le partage d’émotions collectives.


