En Argentine, Javier Milei dérégule à petits pas le marché des armes

En Argentine, Javier Milei dérégule à petits pas le marché des armes

En Argentine, nous assistons à un changement progressif mais significatif dans la politique concernant les armes à feu. Le président Javier Milei, fidèle à ses convictions libertariennes, entreprend une série de mesures visant à assouplir la réglementation du marché des armes. Ces initiatives s’inscrivent dans une vision plus large de dérégulation économique et sociale que le gouvernement argentin met en place depuis son arrivée au pouvoir.

La nouvelle approche libertarienne des armes à feu

Le gouvernement argentin vient de franchir une étape importante dans sa politique de libéralisation du marché des armes. L’âge minimum pour demander un permis de port d’armes a été abaissé de 21 à 18 ans, permettant ainsi à davantage de jeunes adultes d’accéder légalement à ces équipements. Cette mesure s’accompagne d’une simplification notable des démarches administratives pour l’obtention de ces autorisations.

Plus récemment encore, l’exécutif a instauré un régime spécial d’autorisation pour l’acquisition et la possession d’armes semi-automatiques. Cette décision marque un tournant dans la politique argentine, traditionnellement très restrictive en la matière. Ces initiatives font partie d’un ensemble de mesures clés du premier mandat de Milei bouleversant l’équilibre économique et politique argentin.

Le président lui-même ne cache pas ses positions favorables à une libéralisation accrue. En mai 2022, alors qu’il n’était pas encore au pouvoir, Javier Milei déclarait publiquement sur la chaîne TN être “favorable au libre port d’armes”. Position qu’il maintient fermement malgré les critiques, s’alignant ainsi sur les idées défendues par certains courants de l’extrême droite américaine en matière de défense personnelle.

Cette orientation idéologique se matérialise aujourd’hui par des actions concrètes qui transforment progressivement le paysage réglementaire argentin concernant les armes à feu. Nous observons une volonté manifeste de s’éloigner du modèle restrictif qui prévalait jusqu’alors pour s’orienter vers un système accordant davantage de libertés individuelles dans ce domaine sensible.

L’entourage présidentiel et la culture des armes

L’intérêt pour les armes à feu ne se limite pas au président. Son cercle rapproché partage visiblement cette passion, comme en témoignent plusieurs manifestations publiques. Santiago Caputo, conseiller spécial et homme fort du gouvernement, s’affiche régulièrement dans des séances d’entraînement au tir de combat. Sur Instagram, des vidéos le montrent en action, manipulant avec aisance son pistolet semi-automatique dans des exercices tactiques élaborés.

D’autres figures proches du pouvoir revendiquent également ce loisir. Daniel Parisini, surnommé “Gordo Dan”, influenceur libertarien proche de Milei, fréquente les mêmes centres de tir tactique que Caputo. Plus significatif encore, Nahuel Sotelo, militant historique du mouvement libertarien et aujourd’hui secrétaire d’État au culte et à la civilisation, possède une autorisation officielle de port d’armes et n’hésite pas à exhiber son pistolet 9 millimètres sur son compte X.

Cette mise en avant délibérée des armes à feu par l’entourage présidentiel traduit une volonté de normaliser leur présence dans la société argentine. Elle participe à la construction d’un nouveau récit où la possession d’armes est associée à des valeurs de liberté individuelle et d’autonomie, chères au courant libertarien. Nous assistons à une tentative de transformation culturelle profonde, visant à modifier la perception collective des armes à feu dans un pays où la législation était jusqu’à présent particulièrement stricte.

Vers un modèle argentin de libéralisation des armes

Les mesures prises par le gouvernement Milei s’inscrivent dans une logique de libéralisation progressive plutôt que de révolution immédiate. Si l’objectif affiché semble être un assouplissement considérable des restrictions, la méthode choisie privilégie une approche par étapes. Cette stratégie permet d’acclimater graduellement l’opinion publique argentine à ces changements substantiels.

L’abaissement de l’âge minimum et la simplification des démarches administratives constituent les premiers jalons d’un processus qui pourrait, à terme, transformer radicalement le rapport des Argentins aux armes à feu. Le régime spécial pour les armes semi-automatiques ouvre également la voie à une diversification des équipements accessibles aux citoyens.

Cette évolution réglementaire soulève néanmoins des interrogations légitimes sur ses conséquences potentielles en matière de sécurité publique. Si les partisans de cette libéralisation arguent qu’elle permettra aux citoyens de mieux se défendre, ses détracteurs craignent une augmentation des incidents violents impliquant des armes à feu.

Le modèle argentin en construction se distingue par sa progressivité et son pragmatisme. Contrairement à d’autres expériences internationales de dérégulation brutale, le gouvernement Milei semble privilégier une transition maîtrisée, permettant aux institutions et à la société de s’adapter graduellement à cette nouvelle réalité. Nous observons ainsi l’émergence d’une approche spécifiquement argentine de la libéralisation du marché des armes, qui tient compte des particularités culturelles et historiques du pays.

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